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Entre le ciel et l’enfer

Tengoku to jigoku

Un film de Akira Kurosawa

Industriel au sein d’une grande fabrique de chaussures, Kingo Gondo décide de rassembler tous ses biens afin de racheter les actions nécessaires pour devenir majoritaire. C’est à ce moment-là qu’il apprend que son fils Jun a été enlevé et qu’une rançon est exigée. Se produit alors un véritable coup de théâtre : ce n’est pas Jun mais Shin’ichi, le fils de son chauffeur, qui a été enlevé. Gondo est désormais face à un dilemme : doit-il dépenser toute sa fortune pour sauver l’enfant d’un autre ?

Drame - Japon - 1963 - 143 min - N&B

  • À propos

    Au cinéma le 9 mars en version restaurée inédite dans le cadre de la Rétrospective Akira Kurosawa – Les Années Toho

     

    UNE BRILLANTE RÉFLEXION SUR LA MORALE ET LE CAPITALISME

    D’APRÈS UN ROMAN D’ED MCBAIN

    Kurosawa se tourne à nouveau vers le film noir avec cette adaptation du roman d’Ed McBain, Rançon sur un thème majeur. Entre le ciel et l’enfer est clairement scindé en deux parties : d’abord le huis-clos dans la maison du riche industriel, puis la traque du kidnappeur dans les bas-fonds de la ville. D’abord centrée sur Gondo, interprété par Toshiro Mifune, l’intrigue se déplace progressivement vers le policier en charge de l’enquête, incarné par un autre acteur phare de Kurosawa, Tatsuya Nakadai. Le long-métrage entre alors pleinement dans l’univers du film noir, usant des thèmes classiques du genre : la grande ville et ses quartiers malfamés, la drogue, la traque entre la police et le criminel, le tout servi par un TohoScope et un noir et blanc somptueux. Le cinéaste fait preuve ici d’un sens du rythme et du suspense inégalable, comme le prouve la superbe séquence dans le train, que n’aurait pas reniée Alfred Hitchcock. Dans Entre le ciel et l’enfer, tout est question d’opposition, à l’image du titre : entre le ciel – les hauteurs de la ville et la richesse de Gondo – et l’enfer – les bas-fonds et la pauvreté du ravisseur. À l’opposition, se greffe également la thématique du double, comme si la victime et le coupable n’était au fond qu’une seule et même personne que la vie avait séparée, possibles versions adultes des deux garçons, élevés dans deux milieux sociaux différents. Le film se clôt d’ailleurs sur une impossible communicabilité entre ces deux mondes. Kurosawa dresse également une critique du capitalisme et de ses ravages : des actionnaires qui souhaitent le profit au détriment de toute forme de morale, et une inégalité sociale permanente qui pousse les gens à commettre les pires crimes.

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