[Recherche avancée]

L’ Ultimatum des trois mercenaires

Twilght's Last Gleaming

Un film de Robert Aldrich

Le dimanche 16 novembre 1981 s’annonce comme une journée tranquille pour David Stevens. Le président des États-Unis ignore qu’au même moment des évadés de prison sont en train de s’infiltrer dans une base militaire du Montana, afin de prendre le contrôle de neuf missiles nucléaires. Leur meneur, Lawrence Dell, est un ancien général de l’US Air Force condamné pour meurtre. Introduit avec succès dans le silo 3, Dell contacte l’étatmajor et impose ses conditions : de l’argent ainsi qu’une extradition à bord d’Air Force One pour lui et ses hommes. En sus, le renégat ordonne au Président de révéler un document confidentiel sur l’intervention américaine au Vietnam. En cas de refus, les fusées nucléaires seront lancées…

Policier-Suspense - États-Unis/RFA - 1977 - 140 min - Technicolor - 1.85:1

  • À propos

    UN THRILLER RARISSIME AU CASTING EXPLOSIF !

    Thriller rare et spectaculaire accompagné d’une réputation d’oeuvre polémique, L’Ultimatum des trois mercenaires est le dernier grand film de Robert Aldrich. Avec la force de provocation brute qui le caractérise, le réalisateur d’En quatrième vitesse dresse un tableau noir des rouages politiques et décrit un monde au bord de l’implosion, à cheval entre la fin de la Guerre froide et l’ère des scandales présidentiels. Inventif et virtuose, le cinéaste use de procédés précurseurs (action en temps réel, découpage du plan en écrans multiples) pour mettre en scène la confrontation de deux récits intriqués : d’une part un film d’espionnage anxiogène et haletant, d’autre part un essai de politique-fiction remarquable doublé d’un examen de conscience de l’Amérique. Mais la plus grande audace du film est sans doute de faire jouer à Burt Lancaster le rôle d’un antihéros revendicatif, prêt à tout pour que soit révélé au peuple la vérité derrière l’intervention au Vietnam. Autour de Lancaster gravite un casting de monstres sacrés : Richard Widmark (Panique dans la rue), Melvyn Douglas (Ninotchka) ou encore Joseph Cotten (La Splendeur des Amberson) incarnent ainsi les vieux morses d’un pouvoir machiavélique et immuable.

    VERSION LONGUE RESTAURÉE !

    Aux États-Unis, on ne donna guère sa chance à ce film aux thématiques encombrantes et qui, n’ayant été que tièdement reçu, fut rapidement amputé d’une heure. C’est cette seule version tronquée, resserrée autour de l’opération terroriste en évinçant la majeur partie des intrigues politiques, qui fut montrée en France et ailleurs. Avec une nouvelle restauration en numérique 2K, ce thriller haletant sort enfin dans sa version intégrale d’origine !

    « TWILIGHT’S LAST GLEAMING »

    Réalisée en 1977 mais située en 1981, cette adaptation du roman d’anticipation Vipère 3 peut s’interpréter comme une vision presciente des « dernières lueurs du crépuscule » (traduction du titre original Twilight’s Last Gleaming tiré des paroles de l’hymne américain). Il faut sans doute lire là un avertissement donné à l’Amérique obsédée par la vérité mais hantée, jusqu’à la paranoïa, par le mensonge officiel et la peur des ennemis de l’intérieur. Décennie de la désacralisation du pouvoir exécutif aux États-Unis, les années 1970 ont été marquées par le scandale du Watergate et les révélations des Pentagon Papers, les documents secrets sur l’implication américaine au Vietnam qui furent divulgués par le New York Times en 1971.

    UN HOMME ORDINAIRE À LA MAISON-BLANCHE

    Au coeur du film, la prestation mémorable de Charles Durning en président des États-Unis diffère radicalement de la représentation habituelle qu’en donne le cinéma. Durning incarne un Président « normal » qui n’est pas sans rappeler la bonhomie de Jimmy Carter, entré en fonction quelques mois avant la sortie du film. Bien que son appartenance présumée au parti démocrate ne soit jamais mentionnée, il symbolise une volonté de transparence et un mépris de la solennité. Dénué de tout cynisme politique, le président Stevens est un homme étouffé par de vieux conseillers indéboulonnables et qui, confronté à un dilemme moral, ose alors s’opposer à eux. Ainsi, le regard d’Aldrich, tout comme celui du patriote de gauche que joue Burt Lancaster, est à la fois critique et fondamentalement patriotique : si le pouvoir apparaît vicié, le Président, lui, demeure le garant immaculé et insoumis des valeurs démocratiques. D’aucuns ont vu en Charles Durning l’un des tout meilleurs présidents américains au cinéma.

    L’AMÉRIQUE DÉLOCALISÉE

    Projet atypique, L’Ultimatum des trois mercenaires fut coproduit par le célèbre studio allemand Bavaria. Aldrich fit appel aux prouesses des décorateurs allemands pour construire une base militaire du Montana, crédible de surcroît, en plein milieu d’un champ bavarois. Les autorités militaires ayant toujours refusé de donner des plans ou documents internes aux producteurs américains, quelle ne fut pas la surprise de ces derniers lorsque, arrivant en Allemagne, ils virent que la Bavaria s’était procurée des informations confidentielles ! Le fameux bureau ovale du président des États-Unis fut également reproduit au détail près, mais dans un décor plus spacieux permettant d’y tourner convenablement. Les symboles les plus saillants de la puissance américaine furent donc soigneusement reconstitués, avant d’être éclatés en un morcèlement diabolique d’écrans multiples (on pense inévitablement à la modernité de la série 24 heures chrono) plongeant les États-Unis au bord de l’apocalypse.

    Sortie au cinéma le 1er mai 2013 en version intégrale et restaurée inédite

  • Crédits

    Réalisation : Robert ALDRICH
    Scénario : Ronald M. COHEN, Edward HUEBSCH d’après le roman Vipère 3 de Walter WAGER
    Avec : Burt LANCASTER, Roscoe Lee BROWNE, Joseph COTTEN, Melvyn DOUGLAS, Charles DURNING, Richard JAECKEL, William MARSHALL, Gerald S. O’LOUGHLIN, Richard WIDMARK, Paul WINFIELD, Burt YOUNG
    Musique : Jerry GOLDSMITH
    Directeur de la photographie : Robert B. HAUSER
    Producteur : Merv ADELSON
    Producteur délégué : Helmut JEDELE

  • Kit pro